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« Le robot est une mine d'informations » « Le robot est une mine d'informations »

En dix minutes, Pascal Racinet va à l'essentiel parmi toutes les données qui s'affichent à l'écran.

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En 2008, lorsqu'il a fallu remplacer la salle de traite, Pascal Racinet et ses deux associés, Patrick Veillerob et Valentin Fillieul, en Gaec à Saint-Léger-sur-Sarthe (Orne), ont décidé d'installer un robot de traite Delaval à deux stalles. « Nous voulions conserver les mêmes horaires de travail dans une structure qui grossissait, sans faire l'impasse sur le suivi des 90 à 100 prim'holsteins. Le robot nous permettait de nous caler sur les horaires de notre salarié, Fabien Lainé, et d'éviter de finir la traite à 20 heures, comme c'était alors le cas. » Ils ne regrettent pas leur choix. « C'est une mine d'informations, à condition de bien interpréter les données que l'on croise, s'enthousiasme Pascal. Nous ne sommes plus dans le flou. C'est un peu comme consulter les résultats du contrôle de performances mais actualisés en temps réel ! » Pour autant, il n'a pas le sentiment de se noyer sous les données. « On n'utilise que ce dont on a besoin. Toutes les informations ne servent pas tous les jours. Et si on veut aller plus loin, on peut tout consulter ! »

Si le logiciel fourni avec le robot propose des critères de suivi prédéterminés, les éleveurs peuvent à loisir en ajouter ou en supprimer. Pascal et ses associés ne passent plus par la page d'accueil, qui synthétise un certain nombre de données sur le troupeau, comme le nombre de vaches « signalées » ou la production totale de la journée... Ils consultent directement le tableau qui liste le passage – ou l'absence de passage – des vaches à la traite et qui fournit une série d'informations sur chaque animal : production réalisée par rapport à celle prévue quartier par quartier, temps de traite, intervalle entre deux traites, jours de lactation, taux cellulaire, etc. Malgré la taille du tableau, qui prend tout l'écran, ils vont rapidement à l'essentiel. « On s'habitue très vite à repérer les informations qui nous intéressent parmi toutes les données. » Ils mettent en perspective les cases marquées par des « codes couleur » – vert, blanc et rouge – selon les signalements des traites précédentes. « Une vache peut être signalée « rouge » pour un quartier qui ne produit plus, alors qu'elle est en fin de lactation. Ce n'est donc pas forcément un sujet d'inquiétude », illustre Pascal.

TOUR VIRTUEL DU TROUPEAU

En allant à l'essentiel, la personne d'astreinte fait le tour virtuel du troupeau en dix minutes. Ensuite, elle passe au milieu des animaux observer les vaches « à risque », susceptibles d'avoir une mammite, une boiterie ou une chaleur.

« Comme nous ne sommes plus pris par la traite, nous passons davantage de temps à soigner les animaux qui en ont besoin. Quant aux vaches sans problème, on les oublierait presque ! Elles vivent leur vie sans notre intervention. » S'ils font si vite le tour, c'est parce qu'ils connaissent bien leurs animaux. « Le robot ne remplace pas l'oeil de l'éleveur, il faut passer voir les vaches tous les jours », insiste Pascal.

Le papier n'est pas abandonné totalement. En témoignent des petits bouts de feuille à côté de l'ordinateur, sur lesquels sont consignées les vaches signalées. Des cahiers résument les interventions réalisées : numéro d'identification, date, nature du problème (mammite...) ou de l'événement (IA, vêlage). « Ainsi, en un coup d'oeil, je dispose d'un petit historique des vaches », tout en ayant les données du jour sur l'écran.

A l'installation du robot, Pascal et ses associés ont choisi de se doter des options qui leur permettaient de corriger les points faibles de l'élevage : cellules et repérage des chaleurs. Ils se sont équipés du compteur à cellules. Les éleveurs affichaient de façon récurrente des taux cellulaires élevés, qui leur faisaient perdre la prime super-qualité six mois sur douze. Depuis, ils consultent chaque jour le taux cellulaire du lait de mélange de la vache, disponible à l'issue de chaque traite, ainsi que la moyenne quotidienne du troupeau. « Avec le tableau, nous classons les vaches selon leur taux. Nous voyons immédiatement celles qui sont trop hautes. Pour détecter une mammite très tôt, nous croisons plusieurs éléments : le taux cellulaire par quartier, la conductivité du lait, la présence de sang, la production... Nous vérifions si nous sommes dans les clous sur le lait de tank. Désormais, nous obtenons la prime de super-qualité onze mois sur douze. » Connaître le taux cellulaire de chaque vache, chaque jour, a permis de repérer que certaines peuvent faire une poussée à 1 ou 2 millions, avant de revenir à la normale le lendemain.

Parfois, c'est un seul quartier qui est touché. D'autres laitières peuvent être hautes en permanence et donc classées à risques, sans pour autant déclencher de mammite. « Nous comprenons mieux pourquoi nous avions parfois des résultats médiocres : il suffit d'une ou deux vaches qui dérapent. »

CROISER LES INFORMATIONS

Les associés ont choisi d'équiper les vaches d'activité-mètre, une aide supplémentaire pour détecter les chaleurs discrètes ou silencieuses. « Mais l'activité des animaux peut être perturbée, par exemple par une bousculade ou une sortie au pâturage. Il faut croiser les informations pour bien les interpréter. Pour une chaleur, nous prenons en compte l'activité, ainsi qu'une éventuelle baisse de production ou un nombre élevé de refus à la traite. Les vaches en chaleur peuvent passer 20 ou 30 fois les portes de tri ! » Le pâturage a été conservé, avec une porte de tri « intelligente », qui laisse passer une vache ou à l'inverse la bloque, selon qu'elle a été traite récemment ou qu'elle devra passer par le robot avant de sortir. « Elles passent en moyenne douze fois par le parc d'attente, pour 2,5 traites par jour en saison de pâturage et 3 par jour en hiver. »

Pascal prend soin de mettre régulièrement à jour le logiciel du robot. Chaque version s'enrichit de nouvelles options. Avec la dernière, les écrans tactiles des stalles proposent un suivi et un historique par quartier. La vitesse de pose des faisceaux s'est également améliorée. Il souligne que le matériel, « les robots de 2008 comme le Dac, vieux de quinze ans », reste compatible avec les nouvelles versions. « Nous avons toujours utilisé les logiciels à fond. Par exemple, le robot ajuste automatiquement la quantité de concentré en fonction de la production laitière réalisée. Dans la version précédente, nous ajustions le rationnement tous les quinze jours. » Aujourd'hui, les associés vont plus loin, en installant le Herd Navigator, qui devrait entrer en fonction dans les prochains jours. « C'est un bond technologique en avant », estime Pascal Racinet.

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